Perdue après le couvre-feu - 15-09

Roselys avait beaucoup de qualités. Elle était gentille, elle était appliquée. Elle était toujours la première pour donner un coup de main ou rendre un service. Et il était rare qu’elle manifeste d’une façon ou d’une autre de la mauvaise humeur. Mais si tout cela était rigoureusement vrai, il n’empêchait qu’elle avait aussi une certaine tendance à la naïveté et à se retrouver la cible des personnes pas bien intentionnées. Mais le pire d’entre tous ses défauts, actuellement, c’était sans aucun doute son déficit en termes de sens de l’orientation. La jeune fille se perdait bien trop facilement, un peu partout.

Depuis qu’elle était à l’école, c’était pire que tout. Elle était arrivée en retard plus d’une fois à-cause du fait qu’elle s’était perdue, mais les professeurs étaient, pour la plupart, compréhensifs. Cela commençait à aller d’autant mieux qu’elle se promenait rarement seule. Les déplacements en groupe avec les autres élèves de première année réduisaient considérablement le risque de se retrouver perdue dans le fond d’un couloir ou de ne pas savoir comment se rendre à un cours. En revanche, il y avait toujours ce qu’il se passait en revenant des toilettes ou lorsqu’on s’isolait pour une raison ou pour une autre.

Et Roselys avait eu le malheur de s’isoler pendant que les autres rentraient à la salle commune. Attirée par un papillon dans le parc, elle l’avait suivi pendant que les autres repartaient vers les salles communes. Elle avait suivi le papillon un moment quand le soleil déclinant attira son attention. Le couvre-feu approchait et elle était toujours dans le parc alors qu’à cette heure-ci, pour ne pas être punie, elle aurait dû être dans la salle commune. Prise de panique, elle courut vers le château et chercha à gravir les escaliers. Quand un tableau s’ouvrit devant elle pour une obscure raison, elle le traversa, se retrouvant dans un couloir.

Ne reconnaissant pas ce couloir, elle le traversa pensant retomber sur le grand escalier mais s’ensuivit un autre couloir, puis un autre. Elle ouvrit une porte qui donnait sur une salle ordinaire, qui ressemblait à n’importe quelle salle de classe. Elle n’avait donc pas la moindre idée de l’endroit où elle se trouvait. Elle s’assit sur une chaise en réfléchissant à sa situation. Elle ne savait pas comment retrouver la salle commune, ni les escaliers, et si elle tombait sur un professeur ou un préfet, elle serait sûrement punie. Mais pourtant, ce n’était pas sa faute si elle s’était perdue, elle n’avait rien fait de mal.

« C’est vraiment nul. Je ne sais même pas où je suis. Si seulement Gin ou Parrain étaient là pour me dire où je dois aller. Je ne retrouverai jamais le chemin de la salle commune toute seule. Je risque de devoir m’installer ici pour dormir. »

Elle regarda autour d’elle mais il n’y avait que des tables et des chaises. Cela n’allait pas être très commode pour dormir si elle était contrainte de rester là toute la nuit, mais cela ne valait peut-être pas mieux d’errer dans les couloirs en espérant que la chance tourne de son côté.

Perdue après le couvre-feu - 15-09

En soi, dormir dans une salle de classe n’était pas si terrible que ça. On rapprochait quelque chaises et c’était relativement confortable. Elle avait connu des couchages pires que ça quand elle s’était mise en tête de dormir dans la forêt. Bon, elle n’était jamais allée jusque-là, parce que dès qu’elle dépassait une certaine heure dehors, ses parents le retrouvaient et la ramenaient manu militari à la maison. Il lui avait permis de camper dans le jardin une fois, avec des copines moldues. Mais ça n’avait pas la même saveur que de dormir avec les licornes et les Botrucs. Penser aux créatures qui pouvaient être un peu moins amicales n’était cependant pas dans ses priorités.

Ce n’était donc pas une question de confort, mais elle n’était pas certaine que les personnes qui faisaient office d’autorité dans le collège seraient très heureux de voir une des élèves entrain de dormir sur un lit improvisé entre quatre chaises. Elle avait une explication logique à la question, mais ce n’était pas une raison pour qu’ils acceptent de la croire sur parole. Du coup, elle aurait largement préféré retrouver son dortoir et son petit lit bien chaud, un chaton roulé en boule à ses pieds. Il y avait toujours des chatons pour squatter les lits des Poufsouffle de première année.

Mais puisqu’elle ne savait ni où elle se trouvait exactement, ni par où se trouvait l’entrée du dortoir des Poufsouffle, elle n’avait pas le choix que de s’installer le plus confortablement possible et de croiser les doigts pour que personne ne la trouve avant le matin. Ensuite, il faudrait qu’elle se trouve un élève pour retrouver le chemin de la Grande Salle, et enfin, des élèves de son année pour les suivre jusqu’au lieu du cours. Sacré challenge, qui commençait déjà à partir à l’eau, puisqu’elle entendit le grincement de la porte qu’on poussait. Elle se prépara à déballer son histoire aussi sincère que peu crédible.

Mais, à sa grande surprise, la jeune fille, qui n’était autre que sa préfète de maison, avait entendu ce qu’elle disait à haute voix et avait donc bien compris qu’elle s’était perdue. Du coup, elle avait quelques chances de ne pas se faire punir et en plus, la jeune fille pourrait peut-être l’aider à se sortir de ce guêpier. Elle maudissait vraiment son étourderie, mais elle savait pertinemment qu’elle recommencerait à la première occasion. Roselys ne contrôlait absolument pas ses accès de rêverie. Ses proches lui en avaient déjà fait le reproche, mais cela continuait. Elle offrit un grand sourire large à sa préfète.

« Bonsoir, Calleigh. Je suis Roselys. Roselys Prewett. Tu connais peut-être ma sœur Virginia. Elle doit être pas loin de toi en âge. Enfin, je sais pas quel âge tu as, mais faut être grande pour être préfète, non ? »

Même pour un simple bonjour, Roselys pouvait passer trois heures à parler. C’était une autre de ses petites faiblesses qu’elle ne contrôlait pas beaucoup plus, d’ailleurs.

« Je me suis perdue. Je suis restée seule dans le parc, un peu tard, et puis quand j’ai voulu revenir à la Salle Commune, je n’ai pas su trouver mon chemin. Dis, tu savais qu’il y avait des passages secrets dans le grand escalier ? Derrière des tableaux. J’en ai trouvé un, je sais même pas comment j’ai fait, mais quand j’y suis allée, je me suis retrouvée je sais pas trop où. Ici, pas loin, je suppose. J’arrête pas de tourner en rond. Dis, elle est où la salle commune ? »

La question par laquelle elle aurait d’ailleurs peut-être dû commencer, mais on ne pouvait pas dire que Roselys avait un sens aigu des priorités.

Perdue après le couvre-feu - 15-09

S'il y avait bien une chose qu'il fallait pour côtoyer Roselys, c'était de la patience vis-à-vis de sa nature particulièrement développée à vouloir parler. Non seulement elle n'avait pas sa langue dans sa poche, mais elle était encore un peu trop jeune pour avoir totalement conscience qu'il aurait fallu qu'elle se mette un peu plus à la portée de ses interlocuteurs. Le résultat, c'était qu'elle avait tendance à noyer la personne à qui elle s'adressait sous un flot de paroles ininterrompu dont il fallait que la personne ressorte les informations absolument nécessaires. Il fallait parfois bien les chercher, au milieu de son discours.

Fort heureusement, la préfète qu'elle venait de rencontrer avait apparemment cette faculté de discerner l'important au milieu du flot d’amas de bêtises. et également fort heureusement, elle n'avait pas l'air d'être du genre à s'agacer face à une enfant qui avait la langue trop bien pendue. Elle répondit donc à la jeune sang-pure qu'elle avait effectivement quinze ans. Cela lui valut un sourire de la part de la fillette qui semblait simplement contente d'avoir l'âge de son aînée. Il n'en fallait de toute évidence pas beaucoup pour faire plaisir à la petite Poufsouffle. Elle était facile à satisfaire.

Elle tenta d'expliquer à sa préfète comment cela se faisait qu'elle se trouvait dans cette pièce. Elle estimait devoir se justifier de s'être complètement perdue, même si en réalité, la jeune fille avait assez d'expérience pour comprendre pour quelle raison elle s'était perdue. Le discours prolongé de la petite Poufsouffle était donc complètement inutile, mais puisqu'il était trop tard, elle ne s'en formalisa pas plus que son aînée ne le faisait. Elle lui expliqua il y avait de nombreux passages secrets dans Poudlard et qu'elle les découvrirait très certainement. Elle lui dit aussi qu’elles étaient au troisième étage alors que la salle commune était au sous-sol.

« Ah ben oui, je pouvais chercher longtemps ! Enfin, là, j'aurais surtout voulu retrouver les escaliers. En les descendant, j'aurais peut-être fini par atterrir au sous-sol. Enfin, c'est ce que je me disais, mais je n'ai pas réussi à retrouver l'entrée des escaliers. Heureusement que tu étais là, quand même. »

Quand elle lui offrit de la reconduire à la salle commune, la petite fille ne se fit pas prier. Elle n'était pas du genre à vouloir faire l'école buissonnière ou à avoir envie de visiter l'école en dehors des heures autorisées pour le faire. Elle était plutôt de nature à être une enfant sage et docile, mais elle comprenait quand la préfète disait que les professeur n'auraient peut-être pas ce regard bienveillant envers elle, étant donné qu’elle était dans une situation où elle n'aurait pas dû être. Les professeurs étaient parfois moins compréhensifs que les préfets. Bien entendu, elle aurait pu avoir de la chance, mais le contraire aussi.

« Je suis bien contente que ce soit toi. Tu as l'air très gentille. »

Roselys n'éprouvait jamais de difficultés à dire les jolies choses qu’elle pensait avec totalement de franchise. Elle ne connaissait pas vraiment la duperie et on lui avait appris à s'exprimer avec franchise et sincérité. C'est donc également ce qu'elle fit quand son aînée lui demanda comment elle se sentait dans l'école et comment les choses allaient pour elle à ce niveau-là. Elle lui offrit un franc sourire car son expérience à Poudlard était plutôt agréable pour le moment.

« Quand je ne me perds pas tout va bien. J'ai plein de copines et les cours sont intéressants. J'essaie de tout bien faire comme les professeurs me disent, parce que je voudrais bien que ma maman soit fière de moi. Tu as eu des difficultés, toi, quand tu es arrivé au château ? »