1er Septembre 1939.
07 :30 - Manoir Winchester – Inveraray – Ecosse.

C’est dans une tenue des plus présentables que Lachlann se présenta à la salle à manger familiale.  Comme à l’accoutumé, il s’avança avec prestance vers son père pour s’arrêter à deux mètres de lui. Lachlann courba légèrement le dos, inclinant également la tête en signe de respect envers son paternel.  Ce dernier daigna lui accordé un rapide coup d’œil avant de se replonger dans la lecture de son journal. Rien à redire. Parfait. Le jeune homme fit volte face et se présenta à l’autre bout de la table, près de sa mère. Beaucoup moins cérémonieux qu’avec son père, il lui octroya un signe de tendresse qu’il n’avait qu’avec elle et que son père semblait tolérer. Un baiser sur la joue plus tard, il s’installa à son tour à sa place, au milieu de la grande table.

- Tes effets personnels sont-ils prêts ? demanda-t-elle poliment à son fils.
- Oui mère, acquiesça l’adolescent en laissant l’elfe de maison lui garnir l’assiette.

Il échangea quelques banalités avec sa mère alors que son père garder le silence. Rien ne change.
Lachlann avait eu un été semblable aux autres. Un précepteur afin qu’il se perfectionne encore plus dans les duels, des devoirs à n’en plus finir et des apparitions dans les galas de bienfaisances et autres réceptions de la haute société. Les deux nouveautés qu’il y avait eu cette année, fut la fuite de Saoirse et l’annonce de ses fiançailles par ses parents. Bien que Lachlann aurait du s’y attendre, l’effet de l’information fut aussi fulgurante qu’un cognard en pleine tête. Il avait naïvement pensé que ses parents attendraient sa sortie de Poudlard pour lui chercher une épouse et avait même eu l’infime espoir qu’ils lui auraient au moins demandé son avis sur la fiancée en question. Rien de tout ça, Lachlann avait seulement le droit de se taire et d’obéir à la décision de son père.



C’est finalement accompagné de son père que Lachlann quitta le manoir deux heures plus tard. William avait réduit les affaires de son fils pour les transporter plus facilement. Si le jeune homme était en âge de transplané et pouvait bien faire le voyage seul, William avait refusé catégoriquement. Le patriarche avait en tête la fuite de sa fille cadette et savait la complicité qu’elle avait eue autrefois avec Lachlann. Il était hors de question qu’il laisse à son fils l’opportunité de s’enfuir comme un vulgaire criminel. Plus jamais de scandale comme celui de Saoirse viendrait salir la réputation des Winchester.

Arrivée sur la voie 9 ¾ à dix-heures quarante cinq, William redonna leur tailles aux affaires de Lachlann et le laissa les monter dans le train. Néanmoins, il ordonna à Lachlann de le rejoindre sur le quai, jusqu’au départ du Poudlard Express. L’adolescent obéit sans aucune protestation. Les minutes jusqu’au sifflet du chef de gare lui parurent interminables. Ses amis le saluèrent d’un signe de tête, n’osant pas l’approcher. William était plus qu’intimidant avec sa grande taille et sa carrure sportive. Il inspirait la crainte et le respect partout ou il allait. Il avait bien quelques cicatrices visibles, mais cela lui donner surtout un air encore plus charismatique.  Lorsque le sifflet de la délivrance retentit enfin, Lachlann se posta devant son père et s’inclina légèrement à nouveau.

- Au revoir père, dit-il poliment.
- Ne fait rien qui puisse entacher le nom que je t’ai donné, répliqua-t-il durement.
- Oui père, acquiesça l’adolescent.

D’un geste de la tête, William le laissa partir. Lachlann se hâta de grimper à bord alors que la fumée commençait à apparaître sous le train. Dès l’instant ou son père disparu de sa vue, Le jeune homme ne put réprimer un soupire de soulagement avant de partir à la recherche de ses amis.

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Après avoir fait quelques compartiments, il finit par tomber sur l’une de ses têtes préférées. La chevelure rousse de son amie qu’il reconnaîtrait entre mille. Lachlann ouvrit le compartiment, le sourire aux lèvres.

- Enfin je te trouve ! dit-il en s’engouffrant dans le compartiment. Tu attends quelqu’un ? A part moi bien sur, dit-il un brin taquin. Vas-y je t’en prie… dis-moi combien je t’ai manqué ! ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Lachlann n’avait pas trouver d’autre alternative que de faire un peu d’humour pour expier son mal être qui le brûlait depuis l’annonce de ses fiançailles. Il réagissait toujours de cette façon lorsqu’il n’était pas bien. Même s’il avait beaucoup de choses à raconter à Calleigh, il était prêt à parier qu’elle en avait tout autant à dire.

- Vivement Poudlard, dit-il las, en se laissant tomber sur la banquette face à la rousse. Alors Calleigh, ton été fut-il agréable ? demanda le brun à son amie, soucieux d'en savoir un peu plus à ce sujet.

Lachlann buvait littéralement les paroles de sa meilleure amie. Il n’avait jamais eu la chance de voyager autre part qu’en Irlande pour visiter sa famille maternelle. Par moment, il trouvait Calleigh chanceuse même si elle était destinée à devenir la cheffe de son clan lorsqu’elle succéderait à sa mère. Lachlann savait le poids de l’héritage familial, pourtant Calleigh et lui le vivaient différemment. Peut-être grâce à la relation que Calleigh avait avec sa mère ? Lachlann l’enviait un peu.

Au manoir, il parlait rarement – si ce n’est jamais - de ses amis. Aucun d’eux n’étaient assez bien pour son père. Les Hamilton en faisait bien entendu parti, surtout qu’il était incompréhensif pour William Winchester qu’une femme puisse diriger un clan. Une aberration risible pour reprendre ses propres termes. Pour le reste de ses amis, rares étaient ceux qui avaient le sang assez pur pour satisfaire le patriarche, alors Lachlann se contenter de garder le silence sur ses fréquentations. Ses cousins et cousines parlaient suffisamment pour lui.

Calleigh lui raconta sa visite du ministère de la magie français et des excentricités qu’elle y avait vu. Lachlann eut du mal à imaginer n’ayant pas vraiment eu d’occasion de lire des livres sur les châteaux moldus français. Néanmoins il pourrait peut-être en faire une recherche à la bibliothèque s’il avait la motivation. Quand Calleigh lui parla d’alcool, Lachlann ne put s’empêcher de sourire. Définitivement, il aurait aimé être à sa place.

- Toi ? Tu as bu ? T’étais saoule ? Ne me dit pas que j’ai manqué ça quand même ? fit-il mi-amusé, mi-outré.

Tout ce que lui racontait Calleigh lui donner l’envie de voyager et de découvrir autre chose que le fin fond de l’Ecosse et le manoir des Winchester. La Belgique, semblait tout aussi attirante à visiter que la France bien que Lachlann ne comprenait pas pourquoi les belges se déplaçaient sur des barques. Ce n’était clairement pas le moyen le plus pratique et le plus rapide, surtout pour des sorciers.

- Pourquoi les sorciers ne se déplacent pas en poudre de cheminette, en portoloin ou en balai ? C’est plus pratique… s’enquit Lachlann en fronçant les sourcils.

Puis elle lui parla de sa rencontre avec la protégée de sa tante, qui s’était déroulé en Ecosse dans la propriété des Hamilton. Lachlann acquiesça, enviant une fois de plus son amie d’avoir la chance de grandir au milieu de créatures magiques aussi intéressantes que les gronians.

Lorsqu’il parla de son désir de reprendre ses bonnes vieilles habitudes – des blagues par-ci, par-là – sous couvert d’elle et de sa qualité de préfète, Lachlann ne put s’empêcher de sourire narquoisement.

Citation :

« Tu as quand même intérêt à la jouer discrètement. Ma mère me tuerait si elle me prenait en flagrant délit avec toi.... »

- Voyons Calleigh, tu me connais, la discrétion est mon deuxième prénom. N’oublie pas que j’ai une réputation d’élève exemplaire à tenir auprès des professeurs voyons ! sourit Lachlann en prenant son air le plus angélique qui soit.